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Top 6 des hommes (pro)-féministes

Par Constance Mousseaux, rédactrice Feminists in the City

· Recommandations féministes

La place des hommes dans le mouvement féministe est controversée.

Tantôt perçus comme les premiers artisans des inégalités de genres qui jouent en leur faveur, tantôt perçus comme des victimes de la société patriarcale dont ils ne sont que le fruit, quelle position devraient-ils adopter, et quel rôle pouvons-nous leur confier ?

Il est souvent admis que les hommes peuvent constituer de précieux alliés dans la lutte pour l’égalité, lorsqu’ils s’affranchissent de la masculinité toxique, et des stéréotypes rattachés à chaque genre. En Norvège, ce phénomène a un nom : les hommes féministes sont surnommés les Myke Menn, littéralement « les hommes doux ». Ce sont des hommes qui ont compris et accepté que leur comportement social ne remettait pas en cause leur masculinité, et peuvent donc, par exemple, s’occuper du foyer. En repensant leur façon de vivre, ils deviennent des soutiens du mouvement féministe.

Sans prendre les devants du combat, ils sont dès lors des relais et parfois même des acteurs de ce changement, par leur parole et leurs actes. C'est par exemple le but de la campagne HeForShe, à l'initiative de l'ONU et impulsée par Emma Watson en 2014, dont le but est d'impliquer les hommes dans ce combat féministe qui concerne toute la société.

Pourtant, d’après un sondage réalisé en 2019, en France, seuls 49% des hommes se disent « féministes ». Voici donc cinq portraits d’hommes (pro)-féministes, qui ont oeuvré pour l’émancipation et l’amélioration de la condition des femmes. Autant d’exemples à suivre !

1. Pierre Foldes - le médecin des femmes excisées 

« Quand j’ai cherché des publications sur le clitoris, je n’ai rien trouvé. On sait réparer la verge depuis presque deux siècles, mais le clitoris, lui, n’existait pas en médecine. »

Pierre Foldes est un chirurgien français. Urologue de formation, c’est pourtant aux femmes qu’il consacre sa carrière. Il est initié à l’humanitaire pendant sa formation médicale : il pratique la chirurgie de guerre au Liban dans les années 1970, puis s’engage dans Médecins du Monde une fois diplômé, dans les année 1980, et ce jusqu’en 2005. Envoyé au Burkina Faso, il découvre le drame de l’excision, l’ablation traditionnelle du clitoris subie par des millions de jeunes filles contre leur gré. Avec son collègue Jean-Antoine Robein, Pierre Foldes développe une technique chirurgicale permettant de réparer les dommages causés par la clitoridectomie. Le défi suivant a été de rendre cette pratique la plus accessible possible. En 2004, il obtient la prise en charge par l’assurance maladie française des réparations des mutilations sexuelles. En 2012, il co-fonde WomenSafe à Saint Germain-en-Laye, un institut destiné à accueillir les femmes victimes de violences. Au cours de ses recherches, il s’intéresse au plaisir féminin et publie en 2011, avec la gynécologue et obstétricienne Odile Buisson, un ouvrage permettant de mieux comprendre les mécanismes physiologiques du plaisir sexuel des femmes, intitulé « Qui a peur du point G ? ».

2. Yann Arthus-Bertrand - mettre en avant les femmes et leur diversité 

« Une femme a beaucoup, beaucoup plus d’épreuves à passer qu’un homme dans sa vie. Et ça, je ne le savais pas. Je ne m’en étais pas rendu compte. Ce film m’a complètement transformé sur la vision des femmes de ma vie. »

Principalement connu pour ses photographies alertant sur les conséquences du changement climatique, Yann Arthus-Bertrand s’est également concentré sur la condition des femmes. En mars 2020, il co-réalise avec Anastasia Mikova le documentaire Woman, qui s’intéresse aux épreuves vécues par les femmes au quotidien de part le le monde. À travers de nombreux témoignages, des femmes issues de tous les horizons et avec des parcours très différents évoquent les singularités de leur condition. Tous les sujets sont abordés (pauvreté, enfants, mariage, violences conjugales, sexualité…), et reflètent les nombreuses épreuves que traversent les femmes, et dont on ne parle pas assez. Ce film fut également une prise de conscience pour Yann Arthus-Bertrand lui-même : « En écoutant les entretiens réalisés pour le film, j’ai compris les difficultés que rencontrent les femmes, à toutes les étapes de leur vie. Aujourd’hui, je regarde différemment ma femme et mes sœurs.».

3. Denis Mukwege - l’homme qui répare les femmes

« The world must draw a red line on anything that is unacceptable. And one of those is the way women are abused during conflict. »

Denis Mukwege est un gynécologue congolais, qui s’est illustré par son engagement contre les mutilations génitales subies par les femmes congolaises en période de guerre. Diplômé de médecine au début des années 1980, il obtient une bourse lui permettant d’étudier en France, pour se spécialiser en gynécologie. De retour au Congo, il devient médecin directeur d’un hôpital qui est détruit lors de la première guerre du Congo, en 1996. Réfugié au Kenya, il rentre pour fonder l’hôpital de Panzi, à Bukavu, grâce au soutien d’une association caritative suédoise. C’est là qu’il est réellement confronté au drame auquel il se consacrera dès lors : les mutilations génitales (aussi appelées mutilations sexuelles) infligées aux femmes de son pays. Il entreprend de faire connaître au monde ces actes de violence extrêmes. Il prend en charge les victimes d’agressions sexuelles d’un point de vue médical, mais aussi juridique, économique et psychologique. Pour son engagement en faveur de la condition des femmes et son combat contre le traitement qui leur est réservé pendant les conflits, Denis Mukwege reçoit de nombreuses récompenses. On peut citer la Légion d’honneur en 2009, le prix Sakharov en 2014, et surtout le prix Nobel de la Paix en 2018, avec l’Irakienne Nadia Murad, qui combat avec lui l’emploi des violences sexuelles comme arme de guerre.

4. Mark Ruffalo - protéger le droit à l’avortement

« I don’t want to turn back the hands of time to when women shuttled across state lines in the thick of night to resolve an unwanted pregnancy, in a cheap hotel room just south of the state line. » 

Connu pour son incarnation du personnage de Hulk dans les films Avengers, l’acteur hollywoodien Mark Ruffalo est également très engagé dans la cause féministe, et milite ouvertement en faveur des droits des femmes. En 2013, il a rédigé une lettre ouverte sur stoppatriarchy.tumblr.com, pour défendre le droit à l’avortement, menacé dans plusieurs États américains.

Le comédien y rappelle qu'en plus d'être inscrit dans la Constitution américaine, le droit à l'avortement est celui qu'ont les femmes de disposer librement de leur corps, et d’être maîtresses de leurs propres vies. Dans ce texte très personnel, il explique une des raisons de son engagement : "Je suis un homme, je pourrais dire que cela ne me regarde absolument pas. Sauf que j'ai deux filles et que ma mère a été obligée de se faire avorter illégalement dans un état où l'avortement était interdit lorsqu'elle était jeune. Ça lui a coûté 600 dollars ». Mark Ruffalo n’hésite pas non plus à participer aux manifestations féministes, comme lors de la Marche des Femmes à Washington, organisée suite à de l’élection de Donald Trump le 8 novembre 2016, pour défendre, entre autres, l’égalité entre les genres.

5. Le Prince Harry - en faveur de l’éducation des jeunes femmes

« This is not just about women, we men need to recognize the part we play, too. Real men treat women with dignity and give them the respect they deserve. »

Le Prince Harry est marié depuis maintenant deux ans à Meghan Markle, ancienne actrice américaine notamment connue pour son engagement en faveur de l’égalité entre les genres.

Cependant, le prince britannique était déjà féministe, et n’a pas attendu leur rencontre pour supporter l’émancipation et les droits des femmes ! En effet, en mars 2016, Harry a été président du « Nepal Girl Summit » (le Sommet pour les filles au Népal), où il a adressé un magnifique discours devant la présidente du pays Bidhya Bhan­dari. Il y a évoqué l’importance de l’éducation des jeunes femmes : « Je n'ai que rare­ment parlé des défis que doivent rele­ver les petites filles, mais je pense qu'il est impor­tant de rappe­ler quelque chose qui est devenu évident à mes yeux : il y a bien trop d'obstacles entre les jeunes filles et les opportunités qu'elles méritent.

6. Daniel Craig - dénoncer le sexisme dans l’industrie du cinéma

« Are we equals ? Until the answer is yes, we must never stop asking. »

Contrairement à l’espion qu’il incarne à l’écran, Daniel Craig est un fervent défenseur de la cause féministe. Il se décrit même aux antipodes de son personnage 007, qu’il estime sexiste et misogyne. L’acteur anglais a déjà fait preuve de ses convictions à plusieurs reprises. Par exemple en mars 2011, lorsqu’il apparaît habillé en femme dans un court-métrage portant sur l’inégalité des sexes, réalisé à l’occasion de la Journée Internationale de Lutte pour les Droits des Femmes. Daniel Craig y apparaît seul, en costume, pendant que l’actrice de M, Judi Dench, lui rappelle son grand intérêt pour les femmes, en se demandant si 007 avait déjà imaginé ce qu’implique, au quotidien, d’être une femme. L’acteur revient vêtu d’une robe, pendant que Judi Dench énumère des statistiques effarantes sur les violences conjugales, l’accès à l’éducation, et les inégalités de salaire. Enfin, lors de la promotion du dernier James Bond, Spectre, dans lequel il partage l’affiche avec Monica Belluci, il n’a pas hésité à dénoncer le sexisme et le jeunisme subis par les actrices. En effet, les acteurs peuvent vieillir à l’écran, quand il est demandé de femmes de paraître toujours plus jeunes. Lorsqu’un journaliste l’a interrogé à propos d’un 007 qui succombe, contrairement à la tradition, à « une femme plus âgée », Daniel Craig s’est empressé de corriger : « Vous voulez dire une femme de son âge. Au nom du ciel, on parle là de Monica Belluci. Tu peux vraiment t’estimer heureux quand quelqu’un comme elle accepte de jouer une James Bond Girl.

 

 

 

 

 

 

 

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