- "On ne naît pas féministe, on le devient."
En 1949, Simone de Beauvoir publiait Le Deuxième Sexe aux éditions Gallimard. Son postulat ? "On ne naît pas femme, on le devient." À cela, nous ajouterons qu'on ne naît pas féministe, c'est-à-dire quelqu'un qui croit en et s'engage pour l'égalité entre les genres, mais qu'on le devient. Pour cela, il est absolument fondamental de s’instruire sur l’histoire des femmes et sur l'évolution de leurs droits à travers le temps. Cette affirmation est l’essence de Feminists in the City.
Feminists in the City découle d’un profond désir de participer activement à la modélisation d’une société plus inclusive. Nous organisons des visites guidées féministes à Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille et Toulouse, qui mettent en lumière les femmes exceptionnelles de ces villes, dont on ne connaît pas (ou peu) l’histoire. En réaction à la crise actuelle, nous avons également créé des vidéo-conférences en ligne sur l’histoire des femmes et du féminisme, qui ont accompagné le quotidien de centaines de personnes pendant la période de confinement, et continuent de le faire depuis la fin de celui-ci !
Mettre les femmes en lumière
A l’occasion du lancement de la campagne #EllesComptent impulsée par Imène Maharzi, fondatrice d'Own Your Cash, nous avons souhaité partager certaines leçons tirées de notre aventure. L’objectif de #EllesComptent est de porter la voix des femmes entrepreneuses, de montrer que les femmes sont capables de faire de grandes choses et d’avoir un véritable impact positif sur la société.
Pourquoi ? Car #EllesComptent résulte d’un constat : malgré leurs actions, leurs succès, les femmes sont peu visibles.
Les données de l'INSEE révèlent que les femmes représentent seulement 3 créateurs.rices d’entreprises sur 10 en Ile-de-France, une donnée qu'on retrouve dans la plupart des régions. Le fait que les femmes soient en minorité dans la création d’entreprise n’est pas une surprise : elles sont conditionnées à chercher la perfection, tandis que les hommes sont conditionnés à oser. Le résultat de ces années de conditionnement ? Le fameux syndrome de l’imposteur.rice. En d'autres termes, le sentiment de ne pas être légitime, de ne pas être au niveau, sentiment que les femmes ressentent particulièrement.
Cette situation résulte également du fait que l’histoire a constamment placé les femmes au second plan. En étudiant l’histoire d’un point de vue féministe, comme nous le faisons chez Feminists in the City, lors de nos visites et vidéoconférences, nous pouvons découvrir les femmes d’exception qui ont marqué notre société, s’inspirer d’elles et prendre conscience de notre force, individuelle et collective.
Car l'histoire les a invisibilisées
Si les femmes ont fait partie de l’Histoire, elles ont été effacées de celle-ci. Selon l’historienne Muriel Salle, 95% des documents historiques ont été écrits par des hommes, traitent d’un ou plusieurs hommes, ou bien les deux à la fois. Ainsi, l’histoire qu’on va retrouver dans la majorité des manuels et des livres est une histoire qui s’intéresse presque exclusivement aux hommes.
Prenons un exemple : la Révolution française. Il s’agit d’une période particulièrement intéressante à étudier lorsqu’on s’intéresse à l’histoire des femmes. A quelles figures féminines pense-t-on lorsqu’on évoque la Révolution française ? Marie-Antoinette, Olympe de Gouges, qui a été sortie de l’oubli par la féministe Benoîte Groult… Pourtant, de nombreuses femmes terriblement fortes et inspirantes ont eu un rôle pendant cet événement : Lucile Desmoulins, Théroigne de Méricourt, Manon Roland, Claire Lacombe, Pauline Léon, pour n’en citer que quelques-unes...
Connaître leur nom, leurs actions, raconter leur histoire, c’est d’abord rétablir une certaine vérité historique : ces femmes ont fait partie de ces événements, parfois en première ligne. Ainsi, si on ne parle pas d’elles, on ne raconte qu’une partie de l’Histoire et on ne peut comprendre les événements que de manière partielle. De plus, redonner une place aux femmes dans l’Histoire, c’est aussi sortir de l’oubli de nombreux rôles-modèles.
Découvrir des rôles-modèles
A chaque époque, les femmes ont su braver les interdits, les codes de la société pour faire entendre leur voix et leurs idéaux. Elles nous offrent des modèles d’intelligence, de force, de résilience, elles nous montrent qu’il n’y a pas de limites à ce qu’on peut faire et accomplir, en tant que femmes. Remontons le temps jusqu’au tournant du XVème siècle, pour rencontrer une femme d’exception : Christine de Pizan.
Christine de Pizan (1364-1430) est une philosophesse et une poétesse, qui est la première écrivaine française connue à vivre de sa plume, à une époque où 98% des femmes sont illettrées. En 1405, elle publie La Cité des Dames, ouvrage où elle défend l’égalité femmes-hommes et milite pour l’accès des femmes à l’éducation. Elle s’inspire de figures historiques comme Blanche de Castille ou Marie de Blois pour souligner que les femmes sont capables de grandes choses, tout comme les hommes. Et voilà que cinq siècles plus tard, nous adoptons la même démarche, au sein de Feminists in the City et de #EllesComptent.
A chaque fois que nous nous intéressons à un événement historique, à l’histoire d’une ville, que ce soit à Paris, Marseille ou Toulouse, nous sommes impressionnées de découvrir toujours de nouvelles femmes inspirantes, dont les actes ont été oubliés. Chacune a quelque chose à nous apprendre. Chacune, par sa vie, sa carrière, son destin, est la preuve vivante qu’on peut être une femme et être artiste, scientifique, s’engager dans la résistance, lutter pour la protection de l’environnement et des animaux…
Prôner la sororité, clé de voute de l’égalité femmes-hommes
Ce que nous apprend également l’histoire des femmes, c’est que les femmes sont plus fortes ensemble. Cette notion, au cœur du combat féministe aujourd’hui, s’appelle la sororité. La sororité représente l’entraide, l’écoute, ainsi que la bienveillance entre femmes, et fait écho à l’idée selon laquelle pour faire avancer l’égalité entre les genres, il faut mettre fin à la concurrence entre femmes et privilégier la formation de liens sorores.
Avec #EllesComptent, nous nous engageons pour la sororité, en rejoignant un collectif de femmes entrepreneuses à impact, aux côtés d’ambassadeurs et d’ambassadrices, avec l’objectif de s’épauler et de se mettre mutuellement en lumière.