Revenir au site

Ces femmes qui ont marqué Toulouse

par Constance Mousseaux, rédactrice pour Feminists in the City

· Portraits de femmes

À l’occasion du lancement de notre visite féministe de Toulouse, nous nous sommes plongées dans l’histoire de la ville rose, et, comme à notre habitude, de celle des femmes qui l’ont marquée. Qu’elles soient nées, restées ou seulement été de passage à Toulouse, de nombreuses figures féminines y ont laissé leur empreinte et méritent d’être reconnues. Nous avons choisi de vous présenter cinq d’entre elles dans cet article, avant de vous en faire découvrir beaucoup d’autres lors de notre visite !

1. Marguerite Canal (1890-1978) : la musicienne

Issue d’une famille toulousaine, Marguerite Canal quitte sa ville natale pour la capitale en 1903. Fille d’une pianiste et d’un mélomane, elle réussit son entrée au Conservatoire de Paris dans les classes de chant et de piano. Elle y reçoit plusieurs prix d’excellence au cours des années suivantes !

En 1917, elle dirige l’orchestre de l’Union des femmes professeurs et compositeurs de musique. Elle devient, par là, la première Française à diriger une formation ! Elle compose également, sa vraie vocation. Elle crée notamment des mélodies inspirées de textes de Baudelaire ou Verlaine.

Musicienne, compositrice et cheffe d’orchestre : elle est unanimement reconnue par ses pairs, comme lorsqu’elle reçoit le Premier Grand Prix de Rome en composition musicale. Elle réussit à s’imposer dans un milieu encore très masculin, et est même nommée chevalier de la Légion d’honneur en 1939.

Cependant, le moment le plus prolifique de sa carrière est également celui à partir duquel elle se trouve en situation de handicap physique, ce qui l’empêche de se consacrer pleinement à la composition et d’exploiter son potentiel comme elle l’aurait souhaité. Cette situation explique en partie l’oubli dans lequel son oeuvre est quelque peu tombée. Un cheminement à Toulouse porte désormais son nom.

2. Solène Jambaqué : la sportive (née en 1988)

Toulousaine de naissance, Solène Jambaqué s’illustre dans le ski alpin. Hémiplégique, c’est-à-dire paralysée d’une ou plusieurs parties du corps d’un seul côté (en l’occurrence la jambe droite), elle commence le ski handisport à 12 ans, et rentre en équipe de France à 14 ans. Elle obtient son premier titre de championne du monde à 15 ans seulement !

Elle participe aux jeux paralympiques d’hiver de 2006, à Turin, où elle décroche deux médailles d’or, une médaille d’argent, et une médaille de bronze. Elle remportera également plusieurs médailles à Vancouver et à Sotchi. Elle fait la fierté de sa station pyrénéenne, Peyragudes, où une piste porte son nom. Pour son admirable carrière, elle est nommée en 2010 Officier de l’Ordre national du Mérite !

En plus de ses performances, Solène Jambaqué se démarque par un mental à toute épreuve. Elle est revenue au plus haut niveau après deux sérieuses blessures au genou, côté hémiplégique, et la rééducation qui s’en est suivie.

Après une nouvelle blessure, elle met fin à sa carrière et réussit sa reconversion, puisqu’elle obtient en 2013 son diplôme de kinésithérapeute.

3. Marie-France Brive : l’historienne (1945-1993)

Après avoir obtenu son bac, Marie-France Brive suit des études d’Histoire à la faculté de Toulouse. Elle y rencontrera Irène Corradin, qui restera sa compagne jusqu’à la fin de sa vie. En plus de ses cours de philosophie, d’histoire et de lettres, Marie-France Brive rejoint l’UNEF, l’Union Nationale des Étudiants de France, un syndicat socialiste, jusqu’à être élue au Conseil d’Administration.

Une fois agrégée, elle enseigne l’histoire des femmes. Apparue dans les années 1970, cette branche de l’histoire se consacre à l’étude des femmes en tant que groupe social. Elle devient une des figures majeures de ce courant.

En 1986, elle est à l’initiative de la création d’une équipe de recherche interdisciplinaire sur les rapports sociaux de sexe et les études sur le genre. Elle la baptise « Équipe Simone », en référence à Beauvoir, Veil et Weil. Elle travaille par exemple sur le rôle des femmes dans la Révolution française ou dans la Résistance, sujets que Feminists in the City a abordés lors de ses Masterclasses.

À Toulouse, elle est avant tout militante : elle s'investit dans le Mouvement de Libération des Femmes (MLF), participe à la Maison des Femmes et à ses activités quotidiennes.

Emportée par un cancer en 1993, elle laisse derrière elle un conséquent travail d’historienne féministe. Grâce à elle, Toulouse reste un pôle important d’enseignement et de recherche sur le genre.

4. Jain : la chanteuse (née en 1992)

Jeanne Galice s’est fait connaître sous le nom de Jain. La chanteuse, ou plutôt l’autrice, compositrice et interprète, est née à Toulouse en 1992.

Pendant son enfance et son adolescence, son père, employé d’une compagnie pétrolière, est muté un peu partout : elle vit à Dubaï, à Abu-Dhabi, et au Congo-Brazzaville. Ces expériences à l’étranger forgent ses influences musicales, que l’on retrouve aujourd’hui dans son travail : son style mélange la pop, la musique électronique, le reggae…

Repérée par Yodelice, elle sort son premier album « Zanaka » en 2015, certifié disque d’or. Il est suivi de « Souldier », trois ans plus tard. Grâce à ce dernier projet, elle part en tournée internationale, et se produit même au festival Coachella, aux États-Unis.

En quelques années, Jain est devenu un phénomène de la chanson française, et est parvenue à s’imposer sur la scène internationale. Elle profite de cette célébrité pour s’engager sur certains sujets politiques: elle porte par exemple un message anti-apartheid.

5. Mady Mesplé : la cantatrice (1931-2020)

Magdeleine Mesplé, surnommée Mady Mesplé, est née au début des années 1930 à Toulouse. Petite, elle bénéficie d’un professeur de musique à domicile et entre au conservatoire à sept ans. Elle y apprend le solfège, le piano et la composition. Elle se lance d’ailleurs d’abord dans une carrière de pianiste accompagnatrice.

Elle étudie le chant à Paris avec Janine Micheau et débute en 1953 en tant que chanteuse d’Opéra à Liège. Elle intègre l’Opéra de Paris trois ans plus tard et entame une carrière internationale (Miami, Madrid, Bienne, Moscou, Tokyo…). Son répertoire couvre aussi bien des rôles français qu’italiens et allemands.

Sa voix aux trois octaves, aux aigus impressionnants, sa présence scénique et son talent d’interprétation lui permettent de chanter aussi bien de l’opéra et de l’opérette, que de la musique contemporaine et de la variété.

La soprano s’est éteinte en mai dernier, à l’âge de 89 ans, et a fait l’objet de nombreux femmages. Un astéroïde a même été baptisé en son honneur. Elle s’est éteinte à Toulouse, où elle est à présent inhumée, au cimetière de Terre-Cabade.